lundi, janvier 09, 2006

Qu'il est dur de faire grandir ses parents

Aujourd'hui, Sucrette, le climat familial est des plus effervescent, tout bouillonne et se répend en bave chaude.
J'avais déjà reçu des lettres de ma mère, souvent pour me dire qu'elle m'aimait et que je lui manquait. Mais celle que j'ai décacheté aujourd'hui était d'une froideur et d'une stupidité incompréhensible.
Tout ce que j'en retiens, c'est que le liens qui unit les parents à leurs enfants est plus dur à couper du coté des géniteurs que de la progéniture. Mes parents ont beaucoup de difficultés à devoir affronter non plus des enfants mais des adultes. Ils ne comprennent pas que nos vies, nous devons les construire indépendamment d'eux, sans que celà signifie qu'ils en seront exclus. J'avance pas à pas, doucement, en m'installant dans une vie que je choisis. Je ne veux plus avoir les amis de mes parents, partager les activités de mes parents, vivre le rythme de mes parents. Et s'ils sont en mesure de l'admettre, leurs agissement prouvent bien qu'ils s'y refusent. Je leur fais part des nouvelles directions que prend mon existance, essayant de les intégrer à ce nouveau tableau, mais plus en tant que peintre, juste en tant que sujet d'arrière plan. Comme ces personnages des tableaux des frères Le Nains, qui regardent en coin la scène qui se joue devant nous.
Aujourd'hui, ma maman m'a demandé de ne plus la contacter, de ne plus venir chez elle, de ne plus considérer sa maison comme étant aussi la mienne. Elle vient de couper violemment et brusquement un lien, en disant vouloir me rendre ma liberté. La vraie liberté est morale, elle réside dans la possibilité de décider de nos vies, et il fallait que mes parents y consentent pour que, débarrassé de ce qu'ils projetaient sur moi, j'agisse enfin en tant qu'homme, en conscience et en pleine responsabilité. C'est une liberté qui a un gout d'amertume. Je viens d'apprendre les pertes nécessaires qui me feront grandir.