jeudi, juillet 20, 2006

La douceur amère des souvenirs

Hier soir, ma Sucrette, Frédéric a rêvé de toi. Une image liée à la fois à d'agréables souvenirs mais aussi à la déchirure de ta disparition.
J'en suis venu à me plonger dans les souvenirs, de tous genres, de tous ordres. Et il m'est apparu qu'il n'y a pas plus amère torture que celle des souvenirs. On s'accroche tous à des images disparues, à des instants, mais cette magie éphémère reste une erreur de la vie. Ces souvenirs viennent souligner combien le quotidien est souvent fade, plat, une étendue d'eau qu'aucune vague ne vient secouer.
Je repense à ma grand-mère que ses souvenirs d'une vie merveilleuse venaient hanter. Je repense à ma mère qu'une enfance en Afrique rend heureuse jusqu'à maintenant par sa seule évocation. Ces deux femmes ont vécu dans la mémoire perpétuelle, dans le passé ressurgi. Tous les jours, elles ont fait remonter à la surface de leurs yeux des photographies jaunies qui, alors qu'elles entouraient de rose leur vie au présent, égratignaient leur coeur. Tout ce qu'elles avaient vécu était révolu et n'apparenait plus à leur existance du moment. Je revois ma mère, les yeux perdus dans un flou mélancolique, à mes côtés et là bas au Sénégal.
Est-ce que ces souvenirs ne perturbent pas notre présent? Est-ce qu'il ne nous empêchent pas de vivre pleinement les petites joies du jour? J'ai parfois peur de courir après des souvenirs. Courir après un visage que j'ai aimé, courir après un lieu où, une fois, je me suis senti bien, courir après un rire. Le tout est de ne pas passer sa vie à courir, peut être. Je vais essayer de porter ma tête en avant plutôt que de la rejeté vers ce qui a déjà été vécu, et d'oser aller au devant des souvenirs, les construire pour demain.