5h34. Il était 5h34 et Tom comprenait qu'elle allait se lancer dans une scène interminable. Du grand spectacle avec en première partie les cris, puis le temps fort ce cette soirée avec l'arrivée des larmes. Et peut être, s'il était sage et patient, arriverait-il jusqu'au final: la réconciliation. Mais il n'en était pas encore là, pour le moment l'actrice s'échauffait, ses joues commençaient tout juste à prendre une couleur rosée, celle des débuts de scène, quand le visage annonce la foudre à venir.
Tom n'avait jamais bien su si elle faisait ça par jeu, par peur réelle, par ennui, par désespoir. Tout ce qu'il percevait de l'entrée rituelle des scènes de ménage dans sa vie, c'était les heures qui s'étiraient, prenaient son temps, accaparaient son esprit, pour que finalement tout revienne à la normal, sans que leur relation ne change d'un iota. A quoi bon. Allait-il réussir à subir, cette fois-ci? Probable. Vu l'heure avancée, il n'avait pas les armes pour répondre, pas l'envie, rien.
Le radio-réveil annonçait maintenant 6h12, mais Tom était déçu. Les reproches avaient fusé, les vieilles rancoeurs étaient sorties, on avait même pu entendre quelques insultes et deux ou trois coups bas. Mais on s'acheminait déjà, tout doucement, vers les pleurs. Il faut dire que cette fois elle était allé très loin dans les mots, blessant profondément Tom par moments. Elle était belle. Des ombres, creusées par la petite limière du chevet, rendaient son regard profond, abyssal. Sa bouche, quand se refermait le flot des injures, était secouée de spasmes. Surement les sanglots qui arrivaient. Sa bouche, toute gonflée.
Les colères avaient se paradoxes qu'elles amenaient des sentiments très contradictoires que Tom n'arrivait pas à gérer. Il avait envie de prendre sa tête entre ses mains, mais il ne savait pas si c'était pour l'écraser contre le sol ou bien pour l'innonder de baisers. La colère la rendait belle et cruelle. Tellement belle qu'il était bien décidé à laisser passer la tempête cette fois-ci encore, à oublier au plus vite les attaques sur son manque d'engagement et sur le peu de cas qu'il faisait de la période très difficile qu'elle connaissait actuellement. Tous ces reproches il était prêt à les encaisser pour avoir le privilège de regarder l'intensité de ces deux yeux noirs et la sensualité de sa bouche. Il était le seul homme à pouvoir s'enorgueillir de la voir ainsi, terrifiante, belle, méchante, désirable.
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