mercredi, novembre 22, 2006

_ "Pourquoi Nicolas prend-il toujours plaisir à me voir m'énerver?"
Le bus frôlait les immeubles de la rue, déversant par endroit des usagers. Nina rentrait chez elle après une réunion au siège du mouvement. Elle avait débattu, défendu, s'était emportée plus d'une fois, on avait discuté des chiffres, des pourcentages. Des pizzas avaient été livrées, puis à nouveau les débats, les prises de position autoritaires, les doigts pointés, les luttes de pouvoir. Et au milieux de ce flot de paroles, Nicolas.
Nina l'avait rencontré quelques années auparavant, dans le groupe de TD de madame Fortier, à la fac. Ils avaient menés ensemble un exposé sur la politique sociale de l'Autriche, avaient fêté leur collaboration au café du campus, s'étaient vaguement embrassés avant que Nicolas lui propose de rejoindre un groupe de réflexion altermondialiste. Depuis, ils se suivaient où que l'autre aille. Nina n'avait pas montré le moindre étonnement quand, lors de la première réunion qu'elle avait suivi au siège de l'organisation politique, Nicolas s'était assis en face d'elle.
Leurs idées se rejoignaient souvent, mais Nina s'apercevait ce soir que leurs méthodes divergeaient radicalement. C'était très masculin, cette façon qu'il avait d'entrer en conflit avec une personne, d'engager une guerre des nerfs. Sa grande arme: l'humiliation. Il se posait en chef de meute, montrait des dents et mordait aux flancs. Il s'était ainsi attaché l'admiration de bon nombre de membres, souvent des jeunes femmes d'ailleurs, car son ton mordant et sarcastique n'était pas dénué de génie. Ce soir, Nina en avait fait les frais et s'en trouvait lessivée.
Mais pourquoi Nicolas parvenait-il toujours à l'énerver? Elle savait pertinemment dans quel jeu il entrainait ses adversaires, elle savait précisément à quel moment il fallait biaiser et lui reprendre la parole, mais systématiquement elle le laisait gagner et prendre l'ascendant sur elle. Et ce qui finissait de la mettre en rage, c'était le fond de machisme qui justifiait, aux yeux de Nicolas, qu'il puisse s'en prendre aussi facilement à elle.

mercredi, novembre 15, 2006

J'aime rire

Je pense que ce blog va prendre une tournure littéraire. Non pas que ma passion première soit le livre, mais en ce moment, j'ai des raisons de prendre des coups de sang. Et oui, Christine Angot a reçu un prix littéraire, dieu merci pas le Goncourt, mais le Flore.

Quelle journée j'ai passé à détester Christine Angot! Cette femme représente toute la décadence de la vie artistique en matière de littérature. J'ai vu que mon emportement n'était pas isolé et que d'autres voix s'élèvent pour dire combien cette femme est une imposture culturelle.

J'ai donc décidé d'écrire de l'Angot. Et je me suis rendu compte que c'était finalement très drole:
Il rit. Il avait ri auparavant, mais d'un rire sourd. Son rire le tue. Elle lui demande:
_"Tu ris? mais pourquoi?"
Il rit de la vie, parce qu'elle lui a pris sa joie de vivre. Vivre le tue.
Et ce qu'il y a de bien, c'est qu'on peut décliner ce style, ce non-style, dans divers domaines:
Je l'ai aimé, mais c'est fini. Il m'a dit qu'il avait soif, et j'ai compris que mon amour était mort. La mort me tue. Mon amour pour lui était fort, j'aimais être amoureux. Il était droit, près de la fenêtre. Mais dans la lumière. Mon amour pour lui était fort, j'avais l'impression qu'avec lui je réussirais tout. Là, il avait soif, une envie débile de boire. Moi je l'avais aimé, et lui il était là à vouloir de l'eau. L'eau me tue. Mon envie à moi c'était qu'il parte. Pour toujours. Sans amour on n'est rien, alors autant être rien sans lui. Il me tue.
Dans un effort extrème, je pense même pouvoir parler de la candidature de Ségolène Royal à la présidence de la république en angoïsme:
Elle prend le bus pour montrer qu'elle est normale. Un être humain. Elle sourit. Elle pense que le sourire suffit. Mais c'est faux. Dans le bus je vois des gens qui vivent. Ils aiment vivre. La vie les tue. Parfois. Quand il faut travailler pour vivre, vivre est déjà une mort, c'est la mort de l'innocence. Je la regarde, son sourire. Elle prend un plaisir à jouer le rôle des gens normaux. Jouer son rôle. Mais en réalité, la vie des gens, elle s'en fout. Leurs vies la tue.
Finalement, on devrait peut être tous être des Christine Angot... Si je pouvais replacer "son rire me tue" et "je l'aime" à la fin de chaque phrase, je pense que j'aurais gagner quelques minutes de fou rire. Et au moins les exactions de Christine Angot deviendraient banales et inintéressantes. Banalisons-la, analysons-la. Tuons-la, imitons-la!

mardi, novembre 14, 2006

5h34. Il était 5h34 et Tom comprenait qu'elle allait se lancer dans une scène interminable. Du grand spectacle avec en première partie les cris, puis le temps fort ce cette soirée avec l'arrivée des larmes. Et peut être, s'il était sage et patient, arriverait-il jusqu'au final: la réconciliation. Mais il n'en était pas encore là, pour le moment l'actrice s'échauffait, ses joues commençaient tout juste à prendre une couleur rosée, celle des débuts de scène, quand le visage annonce la foudre à venir.
Tom n'avait jamais bien su si elle faisait ça par jeu, par peur réelle, par ennui, par désespoir. Tout ce qu'il percevait de l'entrée rituelle des scènes de ménage dans sa vie, c'était les heures qui s'étiraient, prenaient son temps, accaparaient son esprit, pour que finalement tout revienne à la normal, sans que leur relation ne change d'un iota. A quoi bon. Allait-il réussir à subir, cette fois-ci? Probable. Vu l'heure avancée, il n'avait pas les armes pour répondre, pas l'envie, rien.
Le radio-réveil annonçait maintenant 6h12, mais Tom était déçu. Les reproches avaient fusé, les vieilles rancoeurs étaient sorties, on avait même pu entendre quelques insultes et deux ou trois coups bas. Mais on s'acheminait déjà, tout doucement, vers les pleurs. Il faut dire que cette fois elle était allé très loin dans les mots, blessant profondément Tom par moments. Elle était belle. Des ombres, creusées par la petite limière du chevet, rendaient son regard profond, abyssal. Sa bouche, quand se refermait le flot des injures, était secouée de spasmes. Surement les sanglots qui arrivaient. Sa bouche, toute gonflée.
Les colères avaient se paradoxes qu'elles amenaient des sentiments très contradictoires que Tom n'arrivait pas à gérer. Il avait envie de prendre sa tête entre ses mains, mais il ne savait pas si c'était pour l'écraser contre le sol ou bien pour l'innonder de baisers. La colère la rendait belle et cruelle. Tellement belle qu'il était bien décidé à laisser passer la tempête cette fois-ci encore, à oublier au plus vite les attaques sur son manque d'engagement et sur le peu de cas qu'il faisait de la période très difficile qu'elle connaissait actuellement. Tous ces reproches il était prêt à les encaisser pour avoir le privilège de regarder l'intensité de ces deux yeux noirs et la sensualité de sa bouche. Il était le seul homme à pouvoir s'enorgueillir de la voir ainsi, terrifiante, belle, méchante, désirable.

L'heure du temps jadis

C'est vrai dans le fond. Nos ancêtres, mes ancêtres, savaient raconter des histoires. Ils avaient certainement une imagination plus fertile puisque leur quotidien n'était pas baigné en permanence par des images venues s'imposer à eux. Pas de télé pour illustrer une actualité, pas de panneaux publicitaires pour dicter des canons sociaux, pas de papier glacé pour adoucir la cruauté du monde. Chacun, avec les capacités propres à son esprit, recréait un bestiaire, reconstruisait le film des évènements de son temps, dans sa propre temporalité. La veillée était le lieu de confrontation des imaginaires, et l'oralité venait les mettre en mouvement.
Fier de cette tradition ô combien séculaire, je me propose, ma Sucrette, de me lancer dans une narration. Je n'ai pas encore défini ce qui sera le sujet de ce que j'ai envie de produire, mais peu importe. Acceptons l'idée que l'histoire varie au gré de mes humeurs, acceptons même que je revienne sur un chapitre pour en modifier le sens ou le rythme. Pour que tu distingue bien ma vie de cette fantasmagorie, j'adopterai une nouvelle couleur. Elle sera rouge. Je ne sais pas bien pourquoi cette couleur, mais elle me semble être celle de l'apostrophe et de l'interpellation.
Je me lance

jeudi, novembre 09, 2006

la dûre vie d'acteur


Tu sais, Sucrette, en ce moment, Caroll et moi vivons un véritable calvaire. Un matin, la porte sonne, elle ouvre, Guillaume Canet était planté là, devant elle, et lui offrait tout son amour en même temps qu'un boîte de chocolats (il avait du entendre dire aux Epinettes que Caroll en était friande). Et depuis, notre vie est remplie de cette espèce à part: l'acteur français.
Au départ, nous n'avons vu que l'aspect glamour, que les paillettes qui sortent de leurs poches, que les coupes de champagnes qui pleuvent au dessus de leurs têtes. Mais le quotidien est tout autre...
Guillaume a une grosse activité cinématographique en ce moment, et pour réviser, il passe sa vie sous le lit de Caroll. Pour avoir fréquenté ce genre d'endroit, tu sais à quel point ils sont vite envahis de poussière. Personnellement je vis avec Saïd Taghmaouï, qui fait des concours de pêche à la mouche le dimanche sur les bords de Marne. Et encore, nous nous en sortons honorablement! Romain Duris, par exemple, écoute des polyphonies landaises à longueur de journée. Et malgré tout le respect que j'ai pour les Landes (et ses échassiers), il arrive un moment où les nerfs lachent. Tiens, pour te dire à quel point l'acteur est ingérable, pas plus tard qu'aujourd'hui, à la galerie, j'ai retrouvé Melvil Poupaud en train de jouer dans mon papier bulles. Ca me fait du désordre, moi!
Bref, il va être grand temps que les choses se calment et que tous ces acteurs quittent nos vies. Qu'on nous rende nos vies d'avant! Nous, nous n'aspirons qu'au calme et à la traquillité.

samedi, novembre 04, 2006

que tout ça cesse

Tu vois ma Sucrette, rien n'excuserait ce long silence. Je n'ai aucune raison à invoquer pour justifier cette absence auprès de toi. Oui, j'ai un petit ami; oui, il me prend beaucoup de temps, et j'ai envie de lui en donner. Mais avant j'avais une vie sociale riche, je passais le plus clair de mon temps à m'amuser avec mes amis (amies aurait été plus juste). Deux mois se sont écoulés dans l'oubli le plus total de cette vie social et dans l'abandon à un garçon.
Mais cela doit cesser, mon corps réclame du dancefloor (je l'entends gémir), ma gorge appelle au rire, les salles de cinéma ne veulent plus être remplies que par moi. Dresser des listes de ce que je voudrais faire ne résoud rien, à moi de reprendre mes journées en main. Je promets d'appeler tous ceux qui me manquent (Juliette, Caroll, Emilie, Deborah, Claudia.....) et de me consacrer un peu plus à eux/elles.
Sur la vie de Sucrette.... trop tard