dimanche, janvier 29, 2006

Voyage en terre d'exotisme


J'ai des envies de voyages, des envies de soleil, des envies d'ailleurs. Je te les livre tels qu'ils traversent mes pensés, Sucrette.
D'abord, il y a la capitale, une ville toute blanche, entourée de palmiers. Il n'y a pas d'enfants dans les rues car l'école dure longtemps, très longtemps jusque tard le soir. La musique retentit de partout, les gens sont souriants et avenants. Le touriste est tout de suite mis à l'aise par le contact facile avec l'autochtone. La gastronomie locale est des plus riche, nourrie d'épices et de couleurs qui font chanter les papilles. Ah je peux t'assurer que ça chante dans les assiettes!
Autour, c'est la campagne... et la mer. Oui, ce pays a des kilomètres de côtes sauvages, bordées de landes. Parfois même, on trouve une de ces énigmatiques pierres dressées, vestiges d'anciennes civilisations. L'eau est tiède et c'est un plaisir de se jeter dans ces vagues claires. Dans l'intérieur des terres, les paysans cessent sans arret le travail de la terre pour jouer un air du pays et esquisser les pas d'une danse traditionnelle.
L'histoire est présente à chaque coin de village, derrière chaque motte de terre. Des églises, des palais, des vieux ponts, des cités englouties, des temples prisonniers de la végétation. Le touriste peut à loisir satisfaire sa soif de connaissance et tenter de mieux comprendre les moeurs d'ici. La dynastie reignant à présent sur le pays se porte garante de cette tradition séculaire, et il n'est pas rare de se voir inviter à un gala organisé par prince, où tout le faste des puissants cottoie les usages délicats des gens du peuple.
Le pays n'est pas laborieux. Le pays se laisse vivre doucement au rythme des saisons et des flots de touristes. Le pays n'a pas envie d'entrer dans l'ère de la globalisation. Le pays emmerde la mondialisation. Le pays sais que sa plus grande richesse naturelle, c'est le sourire de ses habitants et la chaleur de leurs coeurs.
Voilà où je me réveille tous les matins, voilà où je me réfugie quand j'ai besoin de m'évader du métro. Je n'irai jamais dans ce pays. Existe-t-il d'ailleurs?

vendredi, janvier 27, 2006

Fratrie

Ca fait longtemps que tu me demandes des nouvelles de Frédéric et Rémy (alias la Grande Sylvie et la Petite). Je t'en donne donc, ma Sucrette.
Rémy est toujours le plus beau mec de la terre. C'est la personne qui me fait le plus rire aussi. La petite chose à qui j'apprenais à lire, à qui je donnais le biberon, ma première vraie poupée en somme (bien avant les barbies, bien sûr). Quand je me vois avec lui, je sais quel genre de père je serais. Je suis inquiet pour lui en permanence, possessif, j'ai peur qu'on me l'enlève et que ces amis le détournent de moi. En fait, je suis avec lui comme ma mère est avec moi: un enfer. Mais pour moi, Rémy c'est vraiment la chair de ma chair, la petite chose que j'ai modelé année après année.
Je sais qu'il a un tel potentiel ce garçon, une telle facilité à l'excellence que j'ai mal de le voir hésiter, tâtonner, se chercher. Mais ainsi va la vie, et j'espère qu'elle lui apportera toute la reconnaissance qu'il mérite de droit.
Frédéric commence à s'ouvrir, ce qui me remplit littéralement de joie. J'attendais depuis si longtemps le moment où il se laisserait être lui même, pour lui même. Il est toujours un fonctionnaire en lutte avec le système, ce qui me fait sourir à chaque fois.
Ce frère là, c'est presque une autre partie de moi même. Je pense que c'est la personne qui me connait le mieux, qui sait le plus de choses sur moi. Nous avons longtemps fonctionné comme les deux parties antagonistes d'un même corps, d'une même entité. Avec seulement un an d'écart, nous évoluions en même temps, faisant nos premiers pas dans la vie côte à côte. Je le poussais à avancer vers le monde, et lui était comme la petite voix au fond de moi qui me disait combien l'extérieur pouvait être destructeur.
Voilà, mes deux frères ne sont plus des inconnus. Toi de toute façon tu les as connus, aimés, tu cherchais leurs caresses, tu fuyais leurs mauvais coups. Moi, ils me manquent toujours autant chaque jour, et sont comme un éparpillement de ma personnalité et de mes émotions.

mercredi, janvier 25, 2006

Embarquement immédiat

Mais tu sais que je vole vers la vie adulte. J'ai assisté à une réunion d'information pour devenir conférencier d'une agence de voyages culturels. Toi, Sucrette, évidemment, tu ne vois pas ce qu'un voyage peut avoir de culturel, puisque tu n'es sans doute jamais allée au delà de la salle de La Cour ou du jardin des voisins. Mais il semble que des retraités de l'Education Nationale, des femmes de médecins de province, d'anciens pharmaciens soient à la recherche d'un exotisme éclairé. Il est donc nécessaire de leur fournir un guide cultivé, fin et racé tel que ton serviteur.
J'étais donc dans cette salle surchauffée, nageant au milieux de prédateurs, petite sardine fluette qui risquait de se faire dévorer par des requins du travail. Tous ces gens sautant sur la moindre occasion pour se mettre en avant, s'armant d'arrogance pour poser une question, déployant une artillerie d'aisance et d'assurance face à nos recruteurs. Nous n'appartenons pas à la même espèce, leurs écailles sont bien plus dures que les miennes. Mais cette énergie qu'ils perdent à couler leurs concurents, moi je la déploirai à comprendre les attentes du jury. Et j'espère bien que les eaux chaudes et poissonneuses de la vie active me seront réservées.
Après avoir passé avec succès les épreuves de sélection, à moi le Maroc! La seule motivation que je trouve à ce travail mal payé, c'est la possibilité de poser le pied dans les rues de Rabat, sentir les épices dans les souqs et écouter de la musique libanaise ou égyptienne dans les restaurants. Prie pour moi, ma Sucrette; puisses-tu exaucer cette supplique.

lundi, janvier 23, 2006

La vie sexuelle des animaux


Il se passe des choses étranges autour de moi, et celle-ci a été particulièrement éprouvante pour mes nerfs.
Oui-Oui est gentil, Oui-Oui a un grand sourire, Oui-Oui est toujours de bonne humeur, Oui-Oui est chiant à mourir, Oui-Oui est niais... Mais Oui-Oui s'est fait un petit camarade. Il l'a rencontré au parc, dans le bac à sable. C'est un petit animal lubrique, qui saute sur tout ce qui bouge avec un esprit coquin. Oui-Oui s'est approché et a souri. Le petit animal l'a retourné et l'a sodomisé.
Oui-Oui s'est attaché à cette partie de jambe en l'air en pleine nature. Son corps n'a fait qu'un avec les éléments, les fleurs et les insectes. Et c'est avec l'oeil humide qu'il a quitté le parc. Il n'y reviendra plus jouer.
_ "Oh, animal lubrique, vient me voir au pays des kangourous!!!!"
_ "Dis, animal lubrique, est-ce que tu m'aimes?"
_ "Animal lubrique, je peux jouer avec ta bite?"
_ " Animal lubrique, encule moi."
Cette histoire s'est malheureusement passée, à peu près dans le même contexte. La morale de l'aventure est que l'air con n'empêche pas d'attiser le désir.

jeudi, janvier 19, 2006

Ma non-vie face au monde entier

Puisque manifestement d'autres que toi, Sucrette, lisent ces quelques pages (les indescents), je tiens à expliquer mon concept de non-vie.
La non-vie, c'est tout d'abord une philosophie. C'est se lever tôt le matin pour avoir plus de temps à ne rien faire. Ensuite, c'est consulter le programme télévisuel pour doser savamment les heures passées devant le poste. Et attention! Ne surtout pas s'imaginer que les émissions à contenu culturel sont plus intéressantes! Elles risqueraient de rendre la journée attrayante et productive. Non, privilégier plutôt les émissions tout public, tout en respectant ses propres goûts (personnellement, je ne saurais trop conseiller les Feux de l'amour). Si jamais on succombe à des pulsions de sociabilité et que l'on désire sortir de chez soi, dans ce cas, le cinéma est à envisager. Mais en solitaire, bien sur. Pour ce qui est de la vie professionnelle, ne lui accorder qu'une place allimentaire. En effet, elle risque de faire entrer dans la spirale des contacts avec le monde extérieurs, et ainsi de sabotter la non-vie, de la remplacer par la normalité.
La non-vie, c'est avant tout se faire royalement chier et aimer ça. C'est rire aux éclats en pensant qu'on a trois heures à tuer avant de manger, c'est savourer les pauses toilettes-mots croisés, c'est attendre inlassablement que le temps emporte les minutes passer à attendre. Attendre et encore attendre, et s'en délecter. Parce que s'emmerder, c'est un peu se retrouver soi-même. Finalement, l'ennui nous montre à quel point on a des désirs d'autre chose, qu'on est viviant dans une altère-normalité, que le temps est une notion qui a su conserver sa valeur en dépit du Progrès.
Le non-vivant a aussi droit de petits coups de pouce. Un bon anti-dépresseur comme le Xanax ou le Prosac font parfaitement l'affaire, et permettent à la non-vie de s'écouler dans un nuage d'euphorie. Une autre alternative est la communication non-direct. Une sorte de sociabilité au rabais. Il existe pour cela l'internet, et ses avatars tel msn. Cependant, il faut bien se garder d'entretenir trop de relations, elles pourraient pousser à briser le cycle de la non-vie pour entrer dans l'ère des échanges humains. Grave erreur!!!
Alors rejoignez tous la non-vie, entrez dans une maison de retraite.

mardi, janvier 17, 2006

Soyons rétro

Je reviens d'un dîner dans ma famille, et j'aime à écouter les vieilles histoires de famille. L'oncle Félix et ses maîtresses, l'oncle Alexandre qui dirigeait une usine de pâtes allimentaires en Egypte, la tante Isabelle qui, pour n'avoir jamais jugé aucun prétendant suffisamment digne d'elle, s'est retrouvée vieille fille aigrie.
Mais ce qui me transporte le plus, c'est le langage suranné des personnes de l'autre siècle, ce dix-neuvième siècle dans lequel je suis né. A cette époque on chapardait dans les échopes, le petit dernier était vraiment zozo à faire ses simagrées, on se disputait un chandail... Tous ces mots désuets sont autant d'évocation d'un passé révolu. J'ai presque envie de m'écrier à mon tour "la barbe à la fin!" pour faire revivre un temps idéalisé où les dames ne sortaient jamais en cheveux, où les messieurs portaient la moustaches, et où les dimanches sentaient bon le boeuf aux carottes ou le pot-au-feu.
Qu'aurais-je été alors, un jeune homme fasciné par les gravures des colonies publiées dans le Monde Illustré. Quel avenir aurais-je eu, celui d'un fils de petit commerçant de campagne. Quel horizon aurait-été le mien, un village en Anjou ou une propriété de la campagne nantaise. C'est assez fou de penser que ce temps révolu est un peu le mien, qu'il a coulé dans mon éducation et ma façon de penser. Il n'y a plus de décallage entre moi et mes ancêtres, dont j'ai hérité un peu d'esprit et d'usages.
J'adore ces dîners de famille, les discussions de fin de repas avec l'aïeul de bout de table et les évocations d'une histoire commune.

lundi, janvier 16, 2006

A moi la fashion brigade!!!


Je sais, j'ai beaucoup trop de temps libre, et surtout je l'utilise pour des futilités. Mais il est une occupation qui relève de la survie de l'Humanité, de la sauvegarde du genre humain. Moi et mes fidèles acolytes formons la fashion brigade. Sa mission? Débarasser le monde de ces horreurs que la mode nous bombarde chaque année, de ces ponchos et autres bottes à poils largués dans les H&M, Zara et autre Pimkie. Une honte, un scandale!
C'est pourquoi nous nous proposons de redresser les tords de la mode. Et bien loin de nous l'idée de se limiter à la fringue. Non. Le cheveu est aussi un terrain de combat pour nous. Et crois moi Sucrette, la lutte est sans pitié, le combat est sans fin, mais la victoire est synonyme de tant de satisfaction.
Ce que cela recouvre au quotidien? J'ai envie de parler de plastiquage des enseignes Tony et Guy, de dénonciation du jean taille basse (qui, je le rappelle, fait des hanches épaisses même aux anorexiques), de rébellion face aux style gippsy-pute. Mais si, tu sais, la minette à la crinière ébouriffée qui trouve tellement tendance de porter un jupon transparent et un top presque inexistant, le tout rehaussé par une parrure H&M en strass et plumes de poule d'Indonésie.
C'est pourquoi j'en appelle à chacun d'entre vous. Si on se prend tous par la main et que l'on refuse l'inacceptable, nous pourrons laisser à nos enfants un monde plus beau. Dites non à la coupe mulet, dites non à la botte fourrée, dites non au manteau de velour doublé marmotte, dites non au T shirt Van Dutch.
La planète vous dit merci et vous salue bien.

dimanche, janvier 15, 2006

Communiquons en langage Orsay


Tu vois Sucrette, mon coeur de chat, toi et moi nous parvenions à communiquer. Un langage un peu particulier où seuls toi et moi comprenions les mots de l'autre. Et bien j'ai l'impression que dans ma vie, j'établis autant de langages différents que je me tisse de réseaux. Il n'y a que mes frères pour comprendre ce qu'est un état de "pichitude", ce qui ne va pas quand ça "charde" ou qu'une personne est "tousmic". Et bien c'est pareil au musée. Quand je suis au milieu de la brigade de caissiers-controleurs, je suis immergé dans un idiome indigène, maîtrisé par le cercle que nous formons, et qui, avec un peu de recul, ne veut strictement rien dire si on n'a pas appris les bases de son alphabet. Je vais donc sous tes yeux ébahis recréer un dialogue abscons tel que tu en entendrais à Orsay.
_ Au revoir Madame Shrek, à yeudi!
_ Salut. Tu as regardé le plâaning (oui... là il faut prendre l'accent d'un indien à la dentition de cheval) de demain?
_ Oui, je serai en Didier.
_ Ohlà, fais gaffe aux points rouges. Et tu manges au combien?
_ Je ne sais pas, je serai relève en fait. Donc je verrai avec la personne du matin.Mais je ne veux pas manger au 1.
_ Oh moi je serai au contrôle! J'aime pas, personne ne veut aller au bout!
_ C'est comme le -1!
_ Oui, et le week end c'est pire, y'a pas de groupes! (avec certains initiés, on aurait même parlé de grupes, mais passons...).
_ Alors que ça serait tellement mieux qu'on régule à la place!
_ Bah... ça c'est les chefs, ils ne savent pas faire les plâanings (on se souvient de l'accent).
Voilà. Je me rends maintenant compte de la vacuité de ces expressions. A priori, manger au combien ne veut absolument rien dire. On ne mange pas "combien", on mange "quoi". Etre Didier, à moins d'avoir un dédoublement de personnalité, n'arrive qu'à ceux qui ont reçu avec bonheur ce prénom à leur naissance. Mais pour le caissier-controleur de base, les mots prennent soudain un autre sens, renvoient à de nouvelles images, qui créent alors un langage nouveau. Vive les mots!

vendredi, janvier 13, 2006

un journée somme toute banale


Avec Caroll, on a un peu attrappé le mouk mouk du rire en ce moment, ce qui fait que tout part en vrille au travail. Si, tu vois bien Sucrette, cet animal dont on fait des manteaux... Bref, on enchaine les conneries, et notamment en passant en revue nos collègues. Entre le vaudou qui est en arret maladie parce qu'elle a cassé son dentier, machoir d'acier qui sonne sous les portiques d'aéroport depuis qu'un chirurgien lui a ferré les dents, et monsieur Schwarzkopf qui à 50 ans découvre les coloration auburn.... D'ici que Yoyie se fasse mettre une prothèse (rapport à son pied qui enfle), et le tableau sera complet.
Mais surtout, aujourd'hui c'était vendredi 13, donc jour de chance. J'en veux pour preuve l'absence de responsable au musée aujourd'hui, le mille-feuilles à la cantine, et le mail trop mignon de mon cowboy. Du coup, fort de tant de veine, toujours avec Caroll, nous sommes allé acheter des jeux à gratter, dans un tabac à l'ambiance si chaude. Et vas-y qu'on gratte, et avec ma pièce fétiche par dessus le marché! Manifestement, le Sagittaire nous a porté bonheur, on gagne 2 euros et on reprend un Astro. Cette fois-ci, le gémeau... qui nous porte chance une fois encore. 2 euros dans la cagnotte. Un autre essai avec le Capricorne (il est capricorne, le Wallix du musée...). Bah là, tous nos rêves de voyages à Bruxelles (oui, plutôt les miens) tombent à l'eau. Le Capricorne est con, le Capricorne est source de déception, le Capricorne n'a pas la gagne. La prochaine fois, on fera un Verseau (il aurait tellement préféré être Verseau, le même Wallix du musée...).

mercredi, janvier 11, 2006

10 ans et deux beaux enfants


C'est fou cette vie commune que je partage avec certaines de mes amies. Caroll est ma collocataire virtuelle, la mère de mes enfants (deux beaux enfants, tu sais, Sucrette), et une des dernières glandeuses que la France compte de nos jours. Cessez d'être laborieux, et venez plutôt vous promener dans Paris, mes amis! Paris, c'est si beau...
Aujourd'hui, rien de particulièrment croustillant à consigner. J'ai fait une lessive chez la mère de ma progéniture. Parce qu'il faut que je t'explique, Sucrette, je suis le père d'une petite Blondie et d'un Rocco. Blondie est légère, a des tendances lesbiennes prononcées. Très jeune nous l'avons mise sur le trottoir, où elle se plait follement. Elle est une sorte d'icone de la mode, pour son jeune age, et est promise à une grande carrière de top modèle camée (ou de danseuse orientale, on ne sait pas encore). Rocco, lui, montre un intérêt précoce pour les choses du sexe. Il sait si bien se servir de son petit instrument... Caroll et moi avons réussi à laisser de coté nos sex toys pour mettre au monde ces deux créatures déviantes.
A présent que leur avenir est règlé, ne nous restent que les joies de la vie commune. Une tisane partagée devant les Feux de l'amour, un tricot en regardant VH1, et les lessives de blanc. C'est fou ce que le quotidien, même factice, même cousu avec des morceaux synthétiques, peut nous rassurer.

mardi, janvier 10, 2006

Astres, boules de cristal et autres énergies mystiques


Tu as croisé Margueritte il y a un peu plus d'un an. Ton oeil malade ne t'a pas empêché, j'en suis certain, d'apprécier cette petite brunette au regard plein de malice. Et bien à sa demande expresse, je vais interroger des forces supérieures et invoquer mes pouvoirs divinatoires.
Je vois une grande force de caractère. Une détermination qui permet d'abattre des obstacles. Peut être un concours ou un examen sur lequel elle bute, mais dont elle finira par venir à bout. Saturne en Jupiter dans ce début d'année le confirme. Elle y aura laissé des plumes. Nombre de soirées lui seront passées sous le nez, mais cela en valait la peine. Et puis elle se rattrapera par la suite, ses amis sauront attendre patiemment. Elle est balance.... Un gémeau, du deuxième décan, peut être du 2 juin, s'occupera de lui faire découvrir de nouveaux endroits où elle s'amusera (la carte de la Folle indique sans doute un lieux en rapport avec des hommes-femmes... pourtant je l'associe à une danse de salon, comme le tango...).
Coté coeur, le rubis, sa pierre tutellaire, ne trompe pas: la passion est à venir. Oui, là elle a l'impression d'être prète pour prononcer ses voeux pieux, mais qu'elle fasse preuve de patience, quelque chose va arriver. Ah oui! Mêmes plusieures... Houlà mais tellement de choses que ça en deviendra ingérable! Il faudra dire à cette jeune fille de freiner un peu, sa santé risque d'en pâtir. Et puis au bout de cette courte période orgiaque, un jeune homme, plus jeune qu'elle (un Scorpion je pense.... qu'elle n'ait pas peur du dare, il sera inoffensif). Une passion brulante qui va les mener devant le maire du VI° arrondissement. Je le vois plutôt brun, son arbre protecteur sera le saule (ah les Celtes étaient formels, c'est un signe de liberté.... il sera peut être amené à voyager), il aimera les épinard mais détestera le céléri (c'est fou ce que les astres peuvent être précis parfois).
Cette jeune fille est un brin ringarde, peut-être porte-t-elle des vêtements rétro? Bah qu'elle pense à faire les soldes... Non, là ce ne sont pas les planètes qui parlent, c'est juste l'ami qui lui donne un petit conseil.



Retour de l'être aimé, problème de fertilité, entrée d'argent, santé. Hajja Maillet reçoit tous les soirs à Barbès, merci de lui adresser vos offrandes sans retenue au 19 boulevard V. Hugo

lundi, janvier 09, 2006

Qu'il est dur de faire grandir ses parents

Aujourd'hui, Sucrette, le climat familial est des plus effervescent, tout bouillonne et se répend en bave chaude.
J'avais déjà reçu des lettres de ma mère, souvent pour me dire qu'elle m'aimait et que je lui manquait. Mais celle que j'ai décacheté aujourd'hui était d'une froideur et d'une stupidité incompréhensible.
Tout ce que j'en retiens, c'est que le liens qui unit les parents à leurs enfants est plus dur à couper du coté des géniteurs que de la progéniture. Mes parents ont beaucoup de difficultés à devoir affronter non plus des enfants mais des adultes. Ils ne comprennent pas que nos vies, nous devons les construire indépendamment d'eux, sans que celà signifie qu'ils en seront exclus. J'avance pas à pas, doucement, en m'installant dans une vie que je choisis. Je ne veux plus avoir les amis de mes parents, partager les activités de mes parents, vivre le rythme de mes parents. Et s'ils sont en mesure de l'admettre, leurs agissement prouvent bien qu'ils s'y refusent. Je leur fais part des nouvelles directions que prend mon existance, essayant de les intégrer à ce nouveau tableau, mais plus en tant que peintre, juste en tant que sujet d'arrière plan. Comme ces personnages des tableaux des frères Le Nains, qui regardent en coin la scène qui se joue devant nous.
Aujourd'hui, ma maman m'a demandé de ne plus la contacter, de ne plus venir chez elle, de ne plus considérer sa maison comme étant aussi la mienne. Elle vient de couper violemment et brusquement un lien, en disant vouloir me rendre ma liberté. La vraie liberté est morale, elle réside dans la possibilité de décider de nos vies, et il fallait que mes parents y consentent pour que, débarrassé de ce qu'ils projetaient sur moi, j'agisse enfin en tant qu'homme, en conscience et en pleine responsabilité. C'est une liberté qui a un gout d'amertume. Je viens d'apprendre les pertes nécessaires qui me feront grandir.

dimanche, janvier 08, 2006

The little house


Qu'il est bon d'être un Ingalls tout de même. Au loin les problèmes! Finis les désagréments de la société moderne!
Aujourd'hui, j'ai conduis ma carriole, Caroline à mes côtés, occupée à arranger ses cheveux dans son bonnet. Des troupeaux de bovins passaient devant nous dans la grande prairie et nous les regardions traverser notre piste. Après le déjeuner, une tarte au potiron préparée par ma douce épouse, mon âme de bucheron n'a pu résister au plaisir de couper quelques troncs d'arbres. Le soir, au coin du foyer, me saisissant de mon violon, j'ai fait danser les filles sur un air du lointain pays où mes parents ont vu le jour. Seuls dans cette nature sauvage et hostile, les éclats rouges des braises repoussaient les bêtes sauvages en quête de pitance.
Aujourd'hui, j'ai travaillé au controle de l'exposition, avec Caroll, occupée à arranger le gilet de son uniforme. Des visiteurs passaient devant nous dans le musée et nous cochions leurs tickets. Après le déjeuner, un infecte plateau repas à la cantine, mon âme mystique est allée consulter les oracles sur glamour.com. Ce soir, sur mon ordinateur, j'ai dansé tout seul sur Beyoncé, Madonna et autre Najwa Karam. Seul dans ma chambrette, je rêve devant la télé pour oublier que demain je me confronterai à la recherche d'un emploi.
Sucrette, dis moi quelle vie je devrais choisir?

vendredi, janvier 06, 2006

En 2006... (suite)


En 2006, zappe ton ex-mari
En 2006, tu es super médiatique
En 2006, vade retro satanas! Aux oubliettes le vaudou
En 2006, arrete de faire ta princesse
En 2006, largue ta nana, cowboy
En 2006, je chevauche un étalon
En 2006, sois en colère
En 2006, essaie d'avoir un planning
En 2006, sus au poil
En 2006, fais sauter la banque
En 2006, Saturne est en Jupiter (ça sent l'ascenseur social)
En 2006, combats les triglycérides
En 2006, mange plus lentement pour mieux digérer (mastiquez monsieur, mastiquez)
En 2006, à la fin tout se mélange
En 2006, que l'Humanité t'entende
En 2006, ne sois pas réfractaire au pouvoir de l'amour
En 2006, sur la tête de mes enfants!
En 2006, il m'a touché le cul en salle de pause
En 2006, c'est tout de même moche de vieillir
En 2006, tout le monde au lit!

jeudi, janvier 05, 2006

Petit arbre que je suis


Je suis allé hier au cinéma.... Non, Sucrette, je n'y passe pas ma vie (je ne sais pas si je suis très crédible, là)! Le film projeté s'appelle "Tout est illuminé". L'histoire d'un juif américain qui fait un voyage en Ukraine à la recherche de l'histoire de sa famille.
Outre que c'est un bon film, plein de belles émotions, j'ai été touché par le personnage de ce jeune américain qui collecte des traces, des objets de toute sorte, pour ne pas oublier son histoire et celle de ces ancêtres. Je me suis demandé alors comment les objets qui m'entourent trahisse ma propre histoire, et ce qu'ils disent sur moi. Entre des tapis marocains, des sabots bretons en bois, des reproductions de divinités hindous, qui où suis-je dans tout ça? Si demain je te rejoins aux cotés du Très Haut, mon coeur de chat, quelle histoire ces empruntes raconteront-elles sur moi?
J'ai appris par mon père que tout ce qui touche au matériel nous éloigne des priorités de la vie. Très bien, j'ai pris note. Mais j'ai un attachement vicéral à certains objets. Un lien que je n'explique pas m'attache aux photos, aux meubles, jusqu'à certaines assiettes.En les caressant de ma main, je sens les gestes habituels qu'effectuaient mes parents et les leurs. Comme des artefacts de l'héritage culturel qui m'a construit. Et quand j'ai acheté ces deux tapis marocains à Chefchaouen, inconsciemment me revenaient en tête les récits de mes grands parents, qui avaient acquis un superbe tapis à Rabat. En quelque sorte, j'ai reproduit un acte inscrit dans l'histoire de ma famille, et lié à un objet précis.
C'est pourquoi, Sucrette, je garderai de toi un vieux plaid où tu te couchais et une balle qui te faisait jouer. A moins que tout finisse en grand feu, et que tu ne reste qu'une trace invisible dans ma vie.

mardi, janvier 03, 2006

En 2006...


En 2006, on est cons et sourds
En 2006, le kilogramme est notre ennemi et on s'enfonce dans l'anorexie
En 2006, on garde un oeil ouvert (rapport à la convergeance)
En 2006, est-ce que tu veux qu'on en parle?
En 2006, on conjugue au féminin (donc on est connes et sourdes)
En 2006, la France va mal (mais un peu mieux qu'en 2005)
En 2006, soies hilare, euphorique, sous anti-dépresseurs
En 2006, Kate Moss est notre égérie (il me semble avoir entendu ça en 2005...)
En 2006, Tony et Guy c'est plus possible
En 2006, laisse toi envahir par le pouvoir de la Belgique
En 2006, il va y avoir péné
En 2006, mais oui! oui! oui!
En 2006, les hommes vivront libres et égaux en droit à entrer dans mon lit
En 2006, ça chauffe
En 2006, j'achète un jean
En 2006, le Marais n'a pas changé
En 2006, on attaque, on va bouffer le monde
En 2006, on boycotte Starbuck
En 2006, on s'attaque à la déco
En 2006, fais péter le vieux rose
En 2006, speak english please
En 2006, Belgium is about to burn
In 2006, I can't stand to speak english anymore
En 2006, c'est si beau Paris
En 2006, le métro change d'accueil
En 2006, fais attention à tes racines (un accident de couleur est si vite arrivé)
En 2006, pas le temps d'hésiter, soies direct




dimanche, janvier 01, 2006

lendemain de fêtes


Comme tous les ans, les fêtes sont passées et il ne me reste qu'une impression amère. L'émulation des quelques jours précédents retombe, on débarasse les tables où trainent des miettes de crabe et des toast de foie gras, et on regarde nos humeurs festives rejoindre les boites à souvenirs. On a pris de la hauteur pour juger ces débauches d'argent, de bons sentiments et de rires hystériques. Vu de là, on n'apperçoit plus que la tristesse que masquaient les jours de liesse collective.
Je passais mon premier Noël sans toi ma Sucrette, et sans ma grand-mère aussi. Mon premier Noël d'adulte je pense, car cette année mes yeux s'ouvraient tout autrement sur cette fête. Ils n'en percevaient plus que la joie factice et j'ai eu l'impression d'avoir jusque là fait violence à ma nature mélancolique. Sous les guirlandes lumineuses et les boules brillantes, se cachent mes désillusions d'enfants et mes regrets de grande personne. Les déguisements du sapin n'y font rien, la réalité est restée la même, les aiguilles piquent toujours autant.
Débarassé de l'allégresse, les réveillons deviennent des agressions à nos sentiments. Je n'avais pas envie de rire à tout prix, de bien manger à tout prix. J'aurais bien aimé trouver le rôti trop cuit ou la buche écoeurante, mais on n'a pas le droit pendant les fêtes. C'est la règle: le bonheur des autres dépend de notre bonheur individuel. Alors pour ne pas froisser maman j'aurais dû rester auprès d'elle et continuer à faire semblant de partager son amour de Noël. Feindre de préférer sacrifier ma vie à moi au profit de l'esprit de famille qui doit règner à cette période de l'année. A tout prix.
Mais je n'ai pas su jouer la comédie et elle est fâchée. Tant pis, les Noëls seront peut être comme ça désormais. Les petits garçons que nous étions mes frères et moi seront sans doute moins enthousiastes et moins émerveillés par les fêtes de fin d'année. Mais je préfère penser que les liens qui m'unissent à ma famille se nouent en dehors de périodes inscrites dans l'éphémère, circonscrites dans le temps, et que les moments de bonheur que nous continuerons à partager échapperont à la comédie des fêtes de Noël.