samedi, décembre 31, 2005

On se la souhaite bien bonne

Nous sommes à quelques heures du réveillon, l'année 2006 est sur le point de naitre, et je n'ai toujours pas dressé la liste de mes bonnes résolutions.
Si au moins je fumais, le numéro 1 des engagements pour cette nouvelle année serait tout trouvé. Et quant à faire de la recherche d'emploi ma priorité, c'est aller à contre-sens de mes préoccupations.
Non, je devrais plutôt me consacrer à une cause universelle: oeuvrer pour la paix dans le monde! C'est une preuve d'altruisme et d'implication dans la société, c'est beau, c'est complètement con... Parce qu'en toute franchise, je vois mal ce que je pourrais faire concrêtement pour la paix quand je n'arrive déjà pas à réconcilier la mère et mon grand-frère.
J'avais pensé m'engager dans une association; enfin plus humanitaire que la danse bretonne, je veux dire. Je me voyais bien militer pour "SOS racisme". Voilà un combat qui me touche. C'est vrai, il arrive un moment où on doit se lever pour dire non aux intolérances. Oh mais je m'enflamme là. Je vais surtout me lever pour me faire un café et allumer la télé, au moins je ne risque pas de me faire embarquer par des CRS.
Aimer, c'est ce qu'il y a de plus beau; aimer, c'est monter si haut... Ah mais c'est que l'amour c'est aussi un engagement au jour le jour. En revanche, ça serait plutôt aux autres de le prendre vis-à-vis de moi, cet engagement, parce que moi je suis pret, les gars!
Non, finalement, 2006 sera placée sous le signe de l'immobilisme. Essayer de ne pas trop toucher à ma petite vie tranquille, ne pas risquer des catastrophes, et conserver les sources de mes petits bonheurs: mes amis, ma famille, les Feux de l'amour.

jeudi, décembre 29, 2005

monmari.com


"L'amour est un pari". Barbara Cartland
"L'amour est un soleil". Hélène Ségara
"L'amour c'est comme une cigarette". Sylvie Vartan
"L'amour ça rend con". Caroll Planque
"L'amour ça rend sourd". Philippe Maillet

lundi, décembre 26, 2005

A la carte

Pour tous ceux qui apprécient la bonne cuisine:

Assortiment d'amuse-bouche feuilletés
Brioche au crabe
Foie gras poêlé et sa purée truffée
Feuilleté de langoustines et homard
Rôti de boeuf au foie gras cuit en brioche
Bûche aux poires

Ce menu de Noël a été particulièrement délicat, et j'en remercie mon grand-père. C'est dans ces moments là que j'adore ma famille. Nous sommes tous très différents, nous avons même parfois du mal à nous comprendre, mais le langage qui nous réunit, c'est décidément l'amour de la bonne table. Le deuxième gène que nous partageons tous, l'opéra, est complètement lié à cette recherche du rafinement. Nous ne sommes pas particulièrement cultivés, pas spécialement attachés au luxe, mais je pense que depuis bien des générations, chaque branche de l'arbre généalogique de ma famille apprend à reconnaître et apprécier les petites choses qui mettent de la finesse à notre existance. Quand il s'agit de déguster du foi gras en écoutant un air de Donizetti dans une salle à manger Napoléon III, j'apprécie cet héritage que m'ont légué mes ancêtres: le bon goût.

vendredi, décembre 23, 2005

Quoi de mieux qu'une soirée improvisée...?


Alors voilà, ce soir Sucrette, je vais te parler de toute une partie de ma vie que tu as ignorée. Mes amitiés parisiennes.
Ce soir je sors du musée, comme tous les jeudis soirs depuis quatre ans (merde, quatre ans!!!!), et j'appelle Naomi. Tu sais, toi, que son déménagement aux Etats Unis a été un choc pour moi, et ces deux semaines qu'elle passe à Paris, je veux en profiter pour la retrouver. Me souvenir des endroits où on a passé du temps, où on a ri, les expressions de son visages qui me font sourire. Bref, je l'appelle dans le but de la voir. Je la rejoins donc dans un petit restaurant de quartier, le genre "on vous reçoit comme à la maison". Il y avait là Hélène, son copain Pablo, et Deborah (ma Debby quoi). Je fais les fonds de verres histoire de dire que j'y étais, et on finit la soirée avec Debby chez Naomi. Ah oui, parce qu'elle a gardé l'appartement où elle a vécu ici près de dix ans. Toujours est-il que Madonna, les petits fours Picard (tu es grillée Debby, désolé) et le vin gai nous ont entrainés dans une folle farandole. Et nous voilà partis à danser...
Ces soirées inattendues, je les aime vraiment. Je n'espérais rien ce soir, j'avais juste la vague envie de passer du temps avec mes amis. Et au bout du compte, j'ai l'impression qu'on m'a shooté avec une dose d'amitié. On a un peu frolé l'overdose. Les liens se resserrent et j'espère qu'ils ne se relacheront jamais. Je me dis dans ces moments là que rien ne viendra s'interposer dans ces relations fortes. On sait tous que c'est faux et que les circonstances font que nos chemins ne se croiseront pas toujours. Mais je veux juste savoir partager les minutes passées tous ensemble et me dire que ces instants de bonheurs sont ceux qui me resteront quand je t'aurai rejoint ma Sucrette.

lundi, décembre 19, 2005

Projet de vie


Sucrette, je viens d'avoir une idée formidable pour remplir ma vie: je vais ouvrir un cabaret du monde!
Bon, le concept, c'est un lieu où l'on organisera des soirées à thème, dans un esprit bon enfant, gouailleur, mais pas dénué de malice. J'ai déjà pensé à une partie du staff.
Alors moi j'animerai les soirées orientales, dans une envolée de mousseline rose et de satin mauve, des paillettes sur le corps, de l'or à mes pieds. Je serai une sorte d'halmée, prisonnière de mon public comme d'autres le sont d'un harem.
Caroll sera notre Lolita country. Ses shows en bottes à franges seront très courus des amateurs. Bien sur, son cow boy sera sur scène, qu'elle attrappera au lasso pour lui faire subir les pires délices.
Tonton (je ne dévoile que son nom de scène bien sur), grand maître de la tradition cubaine, fera revivre les comédies musicales de Carmen Miranda. Les fruits pleuvront sur sa tête, les maracasses retentiront dans la salle, la salsa rythmera les coups de hanches de nos danseurs. Une folie latine quoi...
Tata (là aussi je me réfugie derrière ce nom d'artiste) évoquera les cabarets à opium duShanghai des débuts du XX° siècle. La fumée laissera apparaître une silhouette de soie, se tortillant sur un piano. Nos hôtesses fourniront l'auditoire de substance illicites si besoin est.
Le Cerbère de ce temple du plaisir sera Monique. Je l'ai toujours fantasmée dans un body de cuir, le fouet à la main... Il faut dire que derrière ce port de tête bourgeois, on devine la lubricité du personnage.
Bon, maintenant que mon avenir est tout tracé, je file me mettre en tenue et répéter mon spectacle.

dimanche, décembre 18, 2005

Petit papa Noël...


J'avais pris pour habitude, dans mes tendres années, d'envoyer un message au père Noël pour qu'il ne me ramène pas les conneries habituelles le 24 décembre. J'envoyais une belle lettre, avec photos découpées à l'appui, de tous les cadeaux clinquants que j'espérais recevoir. Cette année, j'ai envie de renouer avec cet habitus.
Cher Papa Noël,
Je voudrais un mec (de préférence de ceux qu'on croise par hazard en boîte de nuit)
Je voudrais un bel appartement à Neuilly, rue Pauline Borghèse
Je voudrais que Juliette arrète de travailler pour venir regarder les Feux de l'amour avec moi
Je voudrais que Caroll fasse du rodéo avec son cow boy
Je voudrais un manteau Kenzo
Je voudrais un jean Calvin Klein
Je voudrais que Naomi devienne Directrice Artistique dans la pub (AD quoi...) à Paris
Je voudrais revoir ma grand-mère juste une heure et lui dire que je l'aime, que je l'aime
Je voudrais qu'un Palestinien vienne présenter sa fiancée Israélienne à ses parents
je voudrais sentir les rues de Rabat
Je voudrais tourner dans un film de Bollywood en tant qu'acteur principal (à moi toutes les chorégraphies!!!)
Je voudrais danser avec Madonna dans son prochain clip
Je voudrais qu'Emilie donne des cours de danse à Madonna qui fait décidément n'importe quoi dans ce clip
Je voudrais un permis de conduire (mais surtout pas le passer)
Je voudrais que mes frères habitent juste la morte en face de chez moi
et...
Je voudrais un mec (de préférence de ceux qu'on croise par hazard dans les boîte de nuit).
Papa Noël, si tu ne peut pas réaliser tous ces rêves, concentre toi au moins sur le premier ou le dernier (au choix)
Kiss

samedi, décembre 17, 2005

Cette femme se hait


Je suis d'une nature tolérante, toi même tu as pu l'observer, ma Sucrette. Je tolère, je tolère, mais mon respect des autres a trouvé ses limites.
J'ai, comme de bien entendu, suivi avec lassitude la cinquième saison de la Star Académy. Je n'ai éprouvé aucune passion à suivre les évolutions de ces jeunes interprètes, mais j'ai mis un point d'honneur à tenir bon jusqu'à la finale. Si mes nerfs ont été mis à rude épreuve par les fausses notes des candidats, il y a eu pire outrage médiatique.
Je tiens à pousser un cri de révolte. Comment, à l'ère de l'internet, peut on laisser Raphaelle Ricci se montrer à la télévision française avec un tel négligé. Je conçoit qu'une professionnelle d'une telle envergure soit sollicitée en permanence, et que son apparence en patisse. Soit. Mais de là à ignorer jusqu'à l'après-shampoing???
Ce suicide capilaire, odieusement relayé par TF1, a quelque chose de pathétique. Qui pourra continuer à supporter qu'on brule impunément un cheveux? Peut-on cacher sa personnalité artistique derrière un bigoudi? La permanente est-elle réellement une projection de l'âme de cette grande chanteuse???
Alors, conseillons tous à Raphy de renouer le dialogue avec son coiffeur, quitte à l'envoyer chez Tony et Guy (s'il faut en passer par là...). Demandons lui comme une prière de marcher sur le sentier du bon goût et d'oublier frisage et autre teinture. Faisons entrer la féminité dans ce corps, il est vrai, maltraité par les ans. Et sa présence scénique n'en sera que révélée.
Raphy, devient raisonnable, pense à respecter ton cheveux.

vendredi, décembre 16, 2005

Papa


Vos rapports n'ont été des meilleurs dans un premier temps, mais tu sais ma Sucrette que papa t'a aimé finalement... Passe outre ces mauvaises blagues que l'on t'a faites à la veille de ta mort. Pardonne quand il t'a ramené un vieux carton en disant "Vas-y Sucrette, entre dans ton cercueil!". Oublie que quelques heures avant le rendez-vous chez le vétérinaire il te disputait ironiquement: "Sucrette, si tu ne finis pas ta pâtée, on va te faire piquer". Excuse toutes ces paroles parce qu'elles m'ont tellement fait rire.
Parce que c'est ça papa. Des blagues en veux tu, en voilà. Pas toujours très fines, souvent répétitives. Mais ce qui est fou, c'est que sans ces mauvais jeux de mots, mon père ne serait pas mon père, et que tout ça participe au charme que je lui trouve.
Nos rapports n'ont pas toujours été évidents. Il partait avec un gros handicap affectif, n'ayant pas vraiment grandi dans une famille où la démonstration des sentiments était la règle. Un père qui fuyait son foyer pour le travail, un mère qui dès qu'elle le pouvait retournait dans sa famille et reprenait sa respiration. Le petit bonhomme qu'a été mon père a certainement dû étouffer dans son enfance. Et à l'âge où on construit sa vie, il a certainement tenté de réparer ses fêlures en ce reposant sur ma mère et sur nous, ses enfants. Pourtant, reproduisant les schémas sociaux qu'il avait subi petit, il n'a pas toujours réussi à communiquer avec nous.
Maintenant que j'ai grandi, que j'ai pris du recul par rapport à mon éducation, je vois mon père différemment. Pour moi, il représente le versant le plus profond de ma personnalité. Mes engagements politiques, mon oreille musicale, le goût pour l'opéra, cette retenue des sentiments, je les lui dois. J'ai son idéalisme, son intransigeance, comme lui j'aime Corot et la lumière de ses tableaux. C'est avec lui que j'ai appris à ne pas faire cas du ridicule, à accepter ma part de kitsch. En la matière, l'élève a dépassé le maître. En le regardant aujourd'hui, je comprends d'où me vient cette aversion pour le travail et ce penchant hédonique, cette paresse. La vision critique des choses qui l'entourent, je la partage avec lui.
Plus les années passent et plus je me vois devenir mon père. J'aime assez cette idée.

jeudi, décembre 15, 2005

Tatie "Yallah!!!"


Sur cette photo, ma Sucrette, mon trésor, ma vie, je suis dans les bras de ma tante, la soeur ainée de maman.
J'ai toujours adoré ma tante, elle représentait pour moi tout ce qu'une femme devait être: belle, intelligente, gentille, avec une touche d'exotisme. Ma tatie est une des personnes les plus gentilles que je connaisse, et rien de ce qu'elle a fait pour nous n'a été motivé par un quelconque intérêt.
Tu as du la croiser parfois à la maison. C'était cette dame qui parlait fort, avec de grands gestes, et qui criait en passant la porte "Ah Brigitte, ton fils...! Oh mon neveu, t'y est beau!!!". Bon, ensuite elle cherchait à me comparer à tel acteur, à un chanteur du moment, et je peux te dire que lorsqu'il s'agissait de Patrick Fiori je n'étais pas à la fête.
Aujourd'hui, ma tante est confrontée à des problèmes administratifs, mskina... Ma mère et elle ont les mêmes racines, implantées quelque part en Vendée, en Anjou, et dans la région de Valence. Mais malheureusement, elles ne sont pas nées dans le même pays. Mes grands-parents ont eu leur fille ainée pendant la guerre, alors qu'ils avaient trouvé refuge au Maroc.
Etre né dans un hopital de Rabat est une raison suffisante, depuis les lois Pasquat-Debré, à suspecter des origines douteuses. Il a donc fallu que ma tante prouve son identité française. Elle a donc été dans l'obligation de prouver l'origine de ses grands-parents. Il faut savoir que quand ma tante est rentrée en France en 1961, arrivaient avec ma famille des milliers de Français des colonies, diabolisés à cette époque et traités comme les bourreaux d'un empire révolu. Son lieu de naissance était donc à taire, et ma grand-mère veillait à ce que chacun entre dans le schéma de la parfaite petite famille bourgeoise française.
Mais ma tante est née au Maroc, et plus les années passent, plus elle se revendique de cette terre qu'elle ne connait pourtant pas. L'administration n'aura réussi qu'à faire de cette parfaite bourgeoise française une Marocaine convaincu, s'affirmant comme telle.
Messieurs les Ministres de l'Intérieur, avant de parler d'intégration, essayez de réfléchir à ce qu'est l'identité française et quelle diversité elle recouvre.

mercredi, décembre 14, 2005

Ma mère opressante


Maman, je te dédie cette page. Elle m'a été inspirée par un petit camarade dont je tairai le nom.
Oui, ma maman est angoissée à l'idée de voir s'éloigner sa nichée. Elle a été une mère plus qu'aimante, une mère avant d'être une épouse peut être, elle s'est épanoui dans son rôle maternel.
Les liens très forts qu'elle a tissés avec mes frères et moi, elle a parfois eu du mal à les lacher pour nous laisser du leste. Si sa place de mère est à jamais acquise dans nos vies, elle a dû subir une évolution bien naturelle pour nous permettre de devenir des adltes à part entière. Cette charnière de sa vie, elle l'a vécu heureusement ou douloureusement, et j'en ai parfois fait les frais. Quoi que je raconte ici, sache, maman, que je n'en garde aucune rancoeur, mais plutôt le souvenir amusé d'une mère qui a maille à laisser s'envoler sa couvée.
Le pire moment de ma vie a été cette fois où j'ai été convoqué par la secrétaire de mon DESS. Dans une promotion d'une trentaine d'élèves, les rapports humains sont directs, et la secrétaire était devenue proche de nous. C'était au mois de juin je crois, ou mai peut être. J'étais sensé partir en stage début juillet, mais aucun organisme n'avait répondu positivement. Je suis donc convoqué et me retrouve face à Madame Alexandre. Elle me tend, hilare, une lettre en me disant "Mais dis donc, Philippe, ta maman est bien anxieuse pour toi. Mais il faut lui dire de ne plus faire des choses comme ça!". Je lis, tremblant la lettre et reconnais l'écriture de ma chère maman.
"Monsieur le Directeur de l'école d'architecture de Belleville
Comment se fait-il que MON fils n'ait pas encore de stage alors que tous ses petits camarades se sont vu proposé un stage. C'est intollérable. J'attends que vous remédiiez au plus tôt à cette situation!"
J'étais donc rouge de honte face au sourire ironique de la secrétaire, qui se lance dans une tirade à la cyrano sur ces mères affreuses qui maternent leurs rejetons. A présent rempli de colère, je suis sorti en jurant de sermonner la mère indigne qui a osé faire ça. Le soir, au téléphone, j'ai été touché par ses arguments de mère aimante et désolée à l'idée que son poussin n'ait pas les mêmes chances que les autres.
Par la suite, le directeur de mon DESS m'a trouvé un stage et je suis donc parti trois mois au Maroc, dans l'agence d'un de ses amis. Je me retrouvais seul dans une ville inconnue, dans un pays que je connaissais peu, à devoir me bâtir une vie provisoire de trois mois. L'accueil dans cette agence a été des plus cordiaux, et j'ai pu m'installer à un bureau pour me mettre au travail. Une semaine plus tard, on me convoque au bureau du directeur, LE directeur!!! Interloqué, et craignant qu'on me reproche mon inactivité des derniers jours, je montais les escalier un peu fébrilement. Arrivé dans les hautes sphères de la Direction, Dieu me tend un téléphone en me disant "Monsieur Maillet, appelez tout de suite votre mère pour la rassurer, elle est très inquiète, je viens de recevoir une lettre de sa part". Déjà, je comprends que mon plus grand ennemi, c'est la poste, institution de collabos qui participent aux plans de ma mère. J'appelle mon père, qui, navré, comprend que la situation a une fois encore pris des proportions démesurées. Après avoir raccroché, je lis la lettre avec le Directeur (Dieu, donc) et là je n'ai pu m'empêcher de sourire en voyant jusqu'où les démons maternels pouvaient aller. Ma mère tenait pour personnellement responsable de moi Dieu. J'avais l'impression d'appartenir à la Camora, et d'entendre un Corléone proférer des menaces si l'on ne me ramenait pas sain et sauf au bercail à la fin de ce stage.
Ma pauvre maman, tout cet amour que tu nous dispense nous étouffe parfois, il nous prend à la gorge, ton étreinte nous bloque la respiration. Mais devant tant de preuves de ton dévouement total, tant de gestes tendant à faire de nous les seuls trésors à tes yeux, les larmes me viennent. Et je comprends que la maternité, si elle t'a donné une raison de vivre, est également dure à porter dans ce sens qu'elle n'est qu'un état passager que tu as dû abandonner à regret. Je comprends que la chair de ta chair se détache de ton corps, que nous sommes une partie de toi, et que cette ablation laisse des cicatrices profondes. Et comme si nous étions des membres dont on t'avait amputés, tu continues à nous sentir malgré la dustance.
Maman, je t'aime.

mardi, décembre 13, 2005

The kind warrior

Je ne t'ai jamais parlé du temps incalculable que je passe au ciné, ma Sucrette. A vrai dire, c'est peut être ma seule réelle activité. Et aujourd'hui j'ai vu un film qui m'a donné envie de partir loi, avec le souvenir de toi comme seul bagage.
Ce merveilleux film, c'est Grizzlyman, un documentaire de Werner Herzog tiré des bandes enregistrées par un illuminé, Timotey Treadwell. Ce type a quitté une carrière d'acteur raté pour rejoindre la société des ours. Une bien belle leçon qui m'a donné des rêves.
Je me suis vu sur une île de la Loire, l'île Kerguelen à Anetz, ou bien l'île Mocart. Juste un toile de tente (par contre je serai intransigeant sur l'imperméabilité de la toile... on parle quand même d'Anetz). Et moi, face aux éléments, face à une nature sauvage et indomptée, je tenterai modestement de sauver les sternes de Loire. Mais si! tu sais, cette espèce proche des hirondelles qui vient nicher sur les berges en été. Leur disparition serait, aux yeux de l'humanité, une bien triste perte. J'ai presque envie de parler d'une tête dont on constaterait la chute des cheveux en se disant qu'il en restera toujours bien assez. Et un matin on se réveille avec les tempes dégagées. Oui, Sucrette, les tempes dégagées!
Et moi, bras armé de ces petits oiseaux inoffensifs, je m'interposerai entre cette nature innocente et la vie des hommes! Moi j'affronterai la folie destructrice de ceux qui se sont appropriés le droit de vie sur la planète! Je n'ai pas encore un plan de bataille mais ça viendra, les opérations choc pleuvront, c'est moi qui te le dis.
Par contre, si je pouvais garder mon flacon d'Egoïste, deux ou trois belles chemises (Kenzo, ça te dit quelque chose?) et avoir des toilettes propres à disposition, mon combat n'en aurait que plus de valeur. Non?

lundi, décembre 12, 2005

Mieux vaut tenir que courir

La sagesse populaire est pleine d'enseignement pour nous, pauvres hères. Elle fonctionne comme un interrupteur sur nos minables cerveaux et apporte la lumière pour quelques instants.
J'en veux pour preuve cette perle, cette citation:
"Y'en a qui font leur soleil en faisant de l'ombre aux autres".
Fatna, 43 ans
mère de famille (fictive), héroïnomane depuis 1995
Et chacun de nous cottoie au quotidien de ces êtres qui réfléchissent en permanance sur notre condition. Je te tire mon chapeau à toi, le penseur de la rue, toi qui dépenses tes maigres ressources intellectuelles à enrichir le savoir. Mon collègue Momo, par exemple, appartient à cette caste des intellectuels ignorés de tous. Le problème c'est que lui, précisément, ne l'ignore pas, et qu'il met un point d'honneur à nous faire profiter de ses interrogations sur le monde et sur la vie. L'esprit s'emballe, la machine céphalique devient incontrolable, et on en arrive à considérer avec lui que Le Pôle express est un fantastique dessin animé documentaire sur un train qui relie toutes les villes du monde au pôle nord...
La nature a tellement bien fait les choses, qu'elle a réservé un surplus de neuronnes à ces élus, qu'elle a fait cohabiter dans ces cervelles la vivacité d'esprit avec la folie. Tout cela dans le simple but de nous rassurer sur notre santé mentale, nous qui ne pouvons prétendre semer un jour les graines de la philosophie dans nos tête stériles.

dimanche, décembre 11, 2005

And I go dancing till night away...


Vas-y, fais ta pétasse, bouge ton corps au rythme des accords, au son des synthés.
J'ai toujours aimé danser, sur toutes les musiques, de tous les pays, jusqu'à l'épuisement. Evidemment, mon arme favorite, c'est la danse bretonne, que je pratique depuis cet âge ingrat qu'on appelle l'adolescence. Je n'ai rien arrangé à mon acné bourgeonnant et mon look romantique en esquissant des pas de gavotte. Mais tant bien que mal, je suis allé au delà, j'ai traversé les décennies musicales et aujourd'hui, ma palette s'est enrichie de raï, de pop et de vieux tubes des années 80. Une sorte de grand-écart musical si on cherche la métaphore à tout prix.
Il y a un moment dans la danse où l'on s'oublie totalement, où le corps est vecteur de la musique, vibrant aux mêmes accords. Je pense que finalement, c'est la transe qui monte du fond de l'inconscient humain. Une sorte d'extraversion de notre moi profond. Moi qui suis plutôt malhabile, gauche, qui n'ai pas de réelle appréhension de mon corps dans l'espace, il suffit que Madonna annonce "Time goes by so slowly" pour que mes hanches se sentent possédées, que ma tête se balance de gauche à droite, que mes bras brassent l'espace autour d'eux. Une autre facette de ma personnalité surgit alors, cherchant à prendre le pas sur les sens, et atteignant son paroxisme dans la négation du corps.
Tout mon être n'est alors que pétasse révélée.

jeudi, décembre 08, 2005

A la fourchette joyeuse

Ceux qui me connaissent, qui ont déjà été conviés à la table de mes parents, savent que le centre de nos vie, c'est la bouffe! Je me propose donc, dans mon infinie bonté, de donner à la postérité la recette du tajine kefta. Toi, ma Sucrette, amour de ma vie, tu n'as jamais eu droit qu'à l'odeur de ce plat succulent. Je tiens cette recette de mes nombreux voyages au Maroc, et non de ma famille. A la rigueur j'aurais pu livrer le secret jalousement gardé du couscous de ma grand-mère, mais je n'en connais pas la teneur.
Je me lance...
Dans une sauteuse, il faut mettre de l'huile d'olive avec des oignons coupés assez fins et des épices à tajine (genre curry et piment). On ajoute ensuite des tomates coupées finement également, on couvre et on laisse cuire à feu doux jusqu'à l'obtention d'une sauce tomate.
A part, on va réaliser les boulettes de viande qui cuieront dans la sauce tomate. Pour ce faire, on va intégrer à la viande hachée (du boeuf, cela va de soi) de l'ail, de l'oignon coupé finement, du persil haché grossièrement, et le jus d'un citron.
Après une heure environ, la viande a mariné et on la roule en petites boulettes que l'on jette dans la sauce tomate.
Après une vingtaine de minutes à feu moyen, dans la sauteuse couverte, la viande est cuite. On ajoute donc du persil haché, du poivre, et on casse autant d'oeufs que d'invités sur la préparation. On couvre et on retire du feu quand les oeufs sont cuits.
Voilà donc une recette facile, pas over longue à faire. On peut l'accompagner d'aubergines, de semoule, de riz...
Pour nos amis végétariens de légumes, car je suis sur qu'il y en a parmi vous, j'essaierai de trouver une recette adaptée... La soupe, ça vous irait?

Il y a toujours un coin qui me rappelle


Parfois, nos émotions conditionnent l'appréhension de notre environnement. Une caresse sur un fauteuil, et tu associais la douceur de nos mains, le plaisir éphémère, au moelleux de ce siège. Je ne dis rien qui n'ait déjà été dit par Proust. Mais c'est toujours un étonnement pour moi de constater combien cette idée du lien que notre cerveau établit entre nos sentiments et l'espace dans lequel nous évoluons est réelle.
Ma maman, Brigitte, est née dans le Berry, et elle a passé les premières années de sa vie dans une des villages les plus laids de France. imagine-toi, Sucrette, pas même une église, un fontaine miraculeuse, rien qui stimule l'intellecte ou l'oeil de l'esthète. Et bien, la douceur des années d'enfance, passées dans l'amour et la tendresse des bras maternels, a fait de ce village, dans les souvenirs de maman, une sorte d'Eden.
Comme si Anetz représentais pour moi le seul lieu associé au bonheur et à l'épanouissement par le simple fait que c'est dans ce village que j'ai reçu l'amour de mes parents. En réalité, c'est exactement ça. Quand je cherche une image rassurante, quand je ferme les yeux pour me réfugier dans un asile douillet, c'est ma maison, le clocher de mon église et les rives de la Loire qui surgissent.
Et ces images viennent se superposer à celles héritées de mes parents et de mes grands-parents. Le Maroc, le Sénégal, le port de Nantes sont autant de lieux disparus qui ne vivent plus que dans les cartes postales imprimées dans nos cerveaux, et qui viendront enrichir les albums des générations suivantes.

mardi, décembre 06, 2005

J'agis donc je suis


L'humeur du jour est plutôt mitigée, pas réellement à la déprime, mais pas dans une énergie positive non plus.
Depuis quelques temps, je suis dans une position d'attente. J'attends qu'il se passe des choses dans ma vie, des rencontres, un travail, un vrai changement. Mais je suis bien loin d'avoir la volonté de provoquer ce changement. Donner du mouvement à sa vie me parait être une chose bien difficile, et je ne sais pas quel engrenage relancer la machine.
Quand on est petit, on aurait dit on était grand, on aurait un travail et une maison, un chien et une femme. Et puis on avale les années sans se demander comment on arrivera à cette finalité. On joue à se projeter, sans s'interroger sur les moyens de construire ce demain. On pense, mais on oublie d'agir à exister dans l'avenir. Le simple fait de te parler, à toi feue Sucrette, me prouve combien je réfléchis pour ne pas avoir à transformer mes désirs en actes.
Ma devise, ma bonne résolution pour l'année qui vient, est donc de devenir un acteur de ma vie, et de tirer ma consistance de mes actions.... Je vais plutôt commencer par me faire une tisane en fait...

lundi, décembre 05, 2005

Malcolm est mort...!!!

Je sais, depuis ta triste disparition, tu es sans nouvelles des Feux de l'Amour, chose intolérable. Donc je te donne des nouvelles assez brèves, mais qui te permettront, je l'espère, de suivre cette série..... que dis-je, ce monument télévisuel, d'où tu es.
Côté Newman, Nikkie se cherche. Après le chignon, le cheveux raide, elle essaie la frange plaquée. Une horreur, tu t'en doutes. Elle essaie de récupérer Victor, qui se laisse faire de bonne grace. Victoria, elle, est toujours veuve. Ryan, sa joie de vivre et ses chansons inoubliables lui manquent terriblement. Le couple de Nicolas bat de l'aile. Sharon et lui se déchirent, s'abîment dans des querelles interminables.
Côté Abott, c'est la merde, Sucrette, la merde! Jack est en train de perdre Philis. Ce ventre stéril, terre inféconde, est un obstacle à l'épanouissement de ce couple. Un couple sans enfant, c'est un repas sans fromage, non? Ashley se remet plutôt bien de son cancer du sein. Elle se bat bec et ongles contre ce fléau des temps modernes. La belle Jill, toujours plus garce, est un peu à l'écart des préoccupations des scénaristes. Elle aime, elle désire, elle n'est qu'amour vécu au grand jour.
Sinon Malcolm est mort, mais il y a un espoir. Car, oui, on peut revenir du royaume d'entre les morts. ce qui avouons-le est une bonne nouvelle pour toi, mon trésor. Apparemment, d'après mes dernières sources, il y aurait eu complot du côté du guide kenyan... Genre kidnapping, une sombre histoire qui foule du pied l'amour vivace qui existait entre Malcolm et Alex, sa fiancée.
Pour ce qui est des satellites inintéressants, Raol se laisse ronger par la maladie. Il n'a pas été accepté à l'université. Le diabète ruinera sa vie, je crois.
Voilà des nouvelles du front, qu'elles t'aident à supporter le repos éternel.

jeudi, décembre 01, 2005

Kenavo les bouzeux


Ceux qui sont nés en terre de Bretagne, comme toi et moi, comprendront...
C'est fou de constater à quel point l'enracinement culturel est un phénomène né de l'éloignement. A Nantes, qui fut capitale des Bretons, rappelons-le, je voyais mal ce que pouvait représenter le sentiment régionaliste. Pour moi, le bretonnant portait la barbe et les cheveux longs, chantait Tri Yann dans sa voiture et portait un Tshirt "Gwen ha Du". J'en écoutais, moi, de la musique bretonne, je dansais dans les festou noz, mais de là à me revendiquer breton...
Et puis j'arrive sur Paris, loin de mes repères tout de même, dans une si grande ville... J'ai même envie de parler d'une ville d'urbanité. Bref rien à voir avec mon misérable village et ses 1400 âmes. Un jour je me suis même dit que la rue où je vivais, la rue Meslay, comptait certainement autant d'habitants que mon bourg tout entier. Ca donne la mesure du dépaysement.
Et pour me rassurer, exister, je ne sais pas très bien, je me suis rattaché à tout ce qui symbolisait mon chez-moi ici, à Paris. D'où l'adhésion à la Mission Bretonne, les galettes parties et les festou noz à Courbevoie. J'ai donc découvert ce qu'était l'attachement régionaliste, et il s'agit effectivement de chevelus barbus, écoutant l'intégral de Tri Yann et portant des Tshirts "Gwen ha Du". Alors comment faire, entre l'anonymat destructeur d'une grande ville et le régionalisme exacerbé et décalé, pour se trouver une identité bretonne? On participe à la Saint Yves en criant bien fort qu'on n'est pas un vrai breton, on porte un triskel avec une khamsa... On bidouille avec les différentes facettes de sa culture, on métisse les apparences. Et c'est finalement l'avantage des grandes villes, de pouvoir être breton du Maroc, français d'Oslo ou sénégalo-normand.